2014. L'eau comme bien commun
Tout au long de l’industrialisation et de l’urbanisation de Bruxelles, l’eau a peu à peu disparu des préoccupations quotidiennes et de l’espace public (voûtement de le Senne, imperméabilisation galopante…) et ne se manifeste plus guère aux habitants qu’au moment des catastrophes (inondations, fuites, infiltrations…) et de leurs factures qui leur rappellent que leur consommation d’eau à un prix.
Théoriquement pourtant, l’accès à l’eau est un des droits de l’homme et un bien commun qu’il s’agit de protéger et de gérer dans l’intérêt de tous en général et d’aucun en particulier. Mais un droit, pour qu’il puisse avoir de la valeur, doit nécessairement s’accompagner de devoirs. Si une gestion centralisée a permis d’incomparables bienfaits, notamment en termes sanitaire et hygiénique, de nombreuses limites économiques, sociales ou écologiques apparaissent (inondations, pollution, problèmes techniques…). Si l’eau est un bien commun, elle suppose donc une gestion en commun: voilà notre devoir.
Pratiquement, à Bruxelles et en Belgique, la distribution, l’assainissement et l’épuration sont gérés par des services publics aux financements et aux responsabilités complexes qui font de l’eau une affaire de tuyauterie réservée aux experts. Les politiques publiques en la matière évoluent cependant rapidement. Des plans se mettent en place (Plan de Gestion de l’Eau, Plan Nature et Plan Régional de Développement Durable). Maillages bleu et vert se complètent et s’organisent mais essentiellement dans les zones périphériques de la ville et hors participation citoyenne.
Résultat, en octobre dernier la Belgique était condamnée à payer une amende de 10 millions d’euros pour son retard en matière de retraitement des eaux usées. On se souvient notamment du désastre écologique causé en décembre 2009 par la fermeture inopinée de la Station d’épuration de Bruxelles-Nord gérée par Aquiris, une filiale belge de Veolia Environnement dans le cadre d’un partenariat public-privé. Plus récemment, il y a eu l’épisode de l’immense tour Up-Site de Bruxelles qui n’était pas connectée au réseau et qui rejetait ses eaux usées directement dans le canal de Charleroi (la tour est-elle d’ailleurs aujourd’hui connectée?). Et si nous pensions autrement, que pourrions-nous faire avec 10 millions d’euros?
Des acteurs toujours plus nombreux agissent pour une ville plus résiliente : membres des Initiatives en transition, Jardins collectifs, Quartiers durables, etc. Des solutions participatives et innovantes se développent peu à peu pour apporter des solutions concrètes et solidaires pour dessiner la ville de demain où l’eau serait l’enjeu de responsabilités et de techniques décentralisées efficaces. Parmi ces propositions, les Nouvelles Rivières Urbaines ou l’approche par bassins versants. Les innovations écologiques décentralisées existent donc, mais comment les faire émerger, les gérer, y participer et les financer? Existe t-il une vraie volonté politique pour développer ces solutions?
Invités de l'émission:
* Dominique Nalpas des Etats Généraux de l'Eau à Bruxelles
* L'auteur-compositeur Scott Hamilton
* Le comédien Luc Vandermaelen